Alexandre Shields 27 juillet 2012
Photo : Annik MH De Carufel - Le Devoir |
"Le comité mandaté par Québec pour étudier le gaz de schiste aura
beaucoup plus de travail que prévu puisqu’il devra aussi se pencher sur
l’industrie pétrolière qui se développe actuellement au Québec, et ce,
avec les mêmes ressources et le même échéancier. Et même si on ignore
les impacts de cette filière, le comité ne peut restreindre les
activités des entreprises qui forent présentement des puits à la
recherche d’or noir.
En avril dernier, Le Devoir révélait que le comité qui dirige
l’évaluation environnementale stratégique (EES) sur le gaz de schiste
n’avait pas prévu d’étudier la question pétrolière dans le cadre de ses
travaux, à moins que les entreprises utilisent la fracturation
hydraulique. Une porte-parole du ministre Pierre Arcand avait alors
répliqué que le gouvernement tenait pour acquis que le comité se
pencherait aussi sur l’exploitation de l’or noir québécois.
Trois mois plus tard, le président du comité qui dirige l’évaluation
environnementale stratégique (EES), Robert Joly, a finalement expliqué
hier au Devoir comment il entendait inclure la filière pétrolière dans
les travaux. « On s’est dit, a priori, que probablement qu’une partie
des études prévues pour le gaz de schiste pourrait s’appliquer aussi au
pétrole, dans la mesure où on parle d’hydrocarbures. Il y a des
équipements et des méthodes qui sont semblables », a-t-il indiqué.
Une fois que le comité aura en main les études déjà commandées, il
décidera s’il a besoin de davantage d’information. Est-ce que les
entreprises actives au Québec devront fournir systématiquement des
détails sur leurs activités ? « On a la possibilité de poser des
questions aux compagnies pour obtenir des réponses, si on en a besoin »,
a soutenu M. Joly. Pétrolia a dit cette semaine que les opérations
menées par l’entreprise ne sont pas soumises aux travaux de l’EES.
Le comité abordera surtout la fracturation hydraulique, une technique à
laquelle les pétrolières Junex et Pétrolia pourraient bien recourir,
notamment en Gaspésie et sur l’île d’Anticosti. Comme cette méthode
d’extraction n’a jamais été utilisée au Québec, M. Joly a précisé que
son équipe se basera sur ce qui a déjà été fait ailleurs. « Ce sont des
techniques assez bien connues et décrites ailleurs. On a de
l’information sur la façon dont ça se passe, sur la technique. Nous,
notre défi, c’est de mettre ça dans le contexte du Québec. Même si ça ne
s’est pas fait chez nous, il faut essayer de transposer ça dans notre
contexte. » Qui plus est, le comité devrait étudier les impacts sociaux
de l’implantation de cette industrie lourde.
Même si le dossier pétrolier vient alourdir considérablement le mandat
accordé au départ au comité de l’EES, son président a expliqué que les
ressources et l’échéancier demeuraient les mêmes. « On va travailler en
fonction de l’échéancier actuel et des ressources qu’on a en ce moment.
On va tout faire pour respecter cet échéancier. » Le rapport final doit
être terminé en novembre 2013.
Entre-temps, les pétrolières qui font des forages exploratoires
traditionnels pourront continuer leurs opérations librement. Pétrolia
entend forer trois nouveaux puits uniquement cette année, dont un
horizontal. Junex mène présentement un nouveau forage dans le secteur de
Gaspé et envisage d’utiliser la fracturation au cours des prochaines
années.
Le gouvernement Charest a déjà décidé d’investir des fonds publics dans
Junex et dans Pétrolia. M. Joly estime néanmoins que le comité aura la
possibilité de recommander l’interdiction de l’exploitation pétrolière
si les risques sont trop élevés."
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Cordialement,
Alexandre
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