La Gaspésie, une nouvelle Alberta?
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Photo : Source Pétrolia |
Pétrolia compte forer dans un nouveau secteur qui pourrait contenir 100 millions de barils de pétrole
L'entreprise Pétrolia compte forer de nouveaux puits d'exploration
pétrolière dans un secteur de la Gaspésie qui pourrait receler plus de
100 millions de barils d'or noir et qui est situé au cœur d'une
structure géologique semblable à celle ayant mené au premier boum
pétrolier en Alberta. Les dirigeants de la société ont aussi les yeux
rivés sur l'île d'Anticosti, où ils ont mis la main sur des permis
d'exploration qui appartenaient auparavant à Hydro-Québec. La valeur des
hydrocarbures récupérables devrait y dépasser les 100 milliards de
dollars.
Alors que le débat sur l'exploitation de l'énergie fossile au Québec
se concentre essentiellement sur la question des gaz de schiste, les
entreprises qui lorgnent du côté pétrolier sont plus actives que jamais.
Pétrolia, qui mène plusieurs projets d'exploration en même temps,
compte d'ailleurs forer deux nouveaux puits dans les prochaines semaines
dans un secteur qu'elle a nommé «projet Bourque», près de Murdochville.
«Ce projet pourrait révéler des accumulations impressionnantes de
pétrole», a fait valoir hier son président, André Proulx, au cours de
l'assemblée annuelle de l'entreprise. «Par sa taille, la structure de
Bourque pourrait contenir 100 millions de barils de pétrole facile à
exploiter et dont la rentabilité ne fait pas de doute.» Pétrolia a
d'ailleurs déjà investi trois millions de dollars dans des relevés
sismiques dans le secteur. Quant à la zone d'exploration, elle recoupe
essentiellement deux permis détenus depuis 2009. Ceux-ci coûtent au
total 3753,90 $ par année — à raison de 10 ¢ l'hectare —, selon ce qu'on
peut calculer à partir des données du ministère des Ressources
naturelles et de la Faune.
Le potentiel en or noir de la Gaspésie risque d'être encore plus
important, puisque Pétrolia a constaté que la zone explorée renferme une
structure géologique semblable à ce qu'on retrouve dans certaines
secteurs de l'Alberta, secteurs qui ont vu naître un véritable boum
pétrolier au XXe siècle. «Les connaissances géologiques acquises jusqu'à
maintenant sur le bassin de Gaspé, la zone située entre Gaspé et
Murdochville, laisse entrevoir une potentiel de 300 millions de barils
de pétrole», a expliqué hier M. Proulx. La vidéo de présentation
précédant l'assemblée de l'entreprise soulignait en outre que Pétrolia
et Junex, qui recherchent toutes deux des gisements en Gaspésie,
ambitionnent de faire de la région «la nouvelle Alberta».
Les deux sociétés sont déjà très actives tout près de la ville de Gaspé,
où leurs activités ont soulevé certaines critiques, notamment de la
mairie. Pétrolia s'apprête tout de même à forer un troisième puits qui
devrait lui permettre de préciser comment lancer la première
exploitation pétrolière commerciale du Québec. Le potentiel de sa
propriété nommée «Haldimand» est évalué à huit millions de barils d'or
noir.
Et ce ne pourrait être qu'un début. «Haldimand, c'est bien sûr la
possibilité de mettre en production un gisement sur une base
commerciale, mais c'est surtout l'indication qu'on pourrait découvrir
plusieurs autres gisements de ce type dans le secteur», a insisté le
président de Pétrolia. L'entreprise a également acquis un terrain dans
le port de Gaspé afin d'y construire des réservoirs pour stocker le
pétrole brut avant son envoi à la raffinerie d'Ultramar près de Lévis.
Reste à déterminer s'il sera transporté par bateau ou par train.
Du pétrole a déjà été extrait lors de l'exploration à Gaspé, générant
des revenus de 216 000 $. Mais aucune redevance n'a été versée à l'État,
ce que permet la loi. L'entreprise a aussi reçu 3,3 millions de dollars
d'«aides gouvernementales à l'exploration» depuis deux ans. Et aucun
des projets en Gaspésie n'est soumis aux règles de l'évaluation
environnementale stratégique lancée par le gouvernement Charest pour
étudier les industries pétrolière et gazière.
150 milliards de dollars?
Les espoirs de découverte majeure d'hydrocarbures demeurent par ailleurs
importants du côté de l'île d'Anticosti. Prenant acte des similitudes
entre la formation géologique de la plus grande île du Québec et un
important champ pétrolifère américain, il serait possible d'estimer le
taux de récupération du pétrole de schiste d'Anticosti à environ 5 %.
Une firme indépendante a déjà évalué le potentiel contrôle par Pétrolia à
30 milliards de barils. Au prix actuel, soit 100 $ le baril, cela
accorderait une valeur brute de 150 milliards de dollars à la ressource
exploitable. Cela sans compter les hausses attendues des prix sur les
marchés.
Mais Pétrolia prévoit au moins trois nouveaux forages afin de préciser
le potentiel. Il est très probable qu'il faudra alors recourir au
controversé processus de fracturation hydraulique, une méthode jamais
tentée au Québec dans le cas du pétrole. Le potentiel total de l'île est
évalué, pour le moment, à 40 milliards de barils.
Et malgré une demande formelle du Regroupement pour la responsabilité
sociale des entreprises, André Proulx a catégoriquement refusé de dire
ce qu'a obtenu Hydro-Québec en 2008 lorsqu'elle a cédé ses permis
d'exploration à Pétrolia. «On a aucun intérêt à le faire. Si on le fait
maintenant, ce sera négatif pour l'entreprise, a-t-il répondu. Quand
nous allons décider que c'est opportun pour les actionnaires et pour la
population du Québec, ça va nous faire grand plaisir de le dévoiler.» M.
Proulx a eu droit aux applaudissements d'actionnaires présents après
avoir de nouveau fermé la porte à la divulgation de cette entente qui
concerne une ressource non renouvelable appartenant en théorie aux
Québécois.
En plus du pétrole, André Proulx aimerait bien un jour exploiter le gaz
naturel d'Anticosti pour le transporter — à l'aide d'un gazoduc qui
reposerait sur le lit du Saint-Laurent — vers des villes comme
Sept-Îles. Selon lui, le développement du Plan Nord nécessitera un
approvisionnement en gaz pour la Côte-Nord. Bref, les projets devraient
se multiplier au cours des prochaines années, à la faveur de la hausse
des prix de l'énergie. Et selon M. Proulx, il est évident que les
Québécois feront le choix de laisser le secteur privé exploiter les
ressources fossiles qui se trouvent dans le sous-sol: «Le gros bon sens
nous dit que le Québec ne passera pas à côté d'une telle opportunité.»
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Cordialement,
Alexandre
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